Florian Malaterre
Maître de Conférences en Sciences de l’information et de la communication
Inter-thématique “Communication et multi-modalité dans l’action professionnelle”
Représentant des MCF au Conseil d’Unité de FoAP
florian.malaterre(at)institut-agro.fr
Présentation de Florian Malaterre
Les travaux de recherche que je mène portent sur l'activité de l'encadrant et sur les transformations du travail de l'encadrant. J'essaie de comprendre comment le travail de l'encadrant se transforme en lien avec les évolutions actuelles des organisations. Ma formation m'amène à m'intéresser plus spécifiquement aux processus de communication qui accompagnent ces transformations.
Je me suis intéressé à l'appropriation de la question de l'éthique et au processus d'institutionnalisation d'un dispositif de management sur "l'éthique d'entreprise" (corporate ethics) par la direction générale d'une grande entreprise lors de ma thèse sous convention CIFRE à EDF en Sciences de l'information et de la communication (CELSA, Dir. de thèse : Pr. V. Richard, soutenance le 17 janvier 2018). J'ai réalisé une étude diachronique des dispositifs de management sur "l'éthique d'entreprise" de 1971 à 2015 en cherchant à analyser les enjeux stratégiques, de gouvernance, d'organisation ainsi que les logiques de communication associées à ces dispositifs (chartes, processus de concertation, alertes professionnelles, etc.). Il a été proposé de considérer que ces dispositifs pourraient avoir un lien avec le changement de rapport de la direction générale à l'"éthique de service public" de l'entreprise et avec son changement de statut. Je me suis interrogé en transverse sur la question de l'autorité managériale : comment la direction générale légitime-t-elle sa prise de position sur "l'éthique d'entreprise" ? En quoi l'appropriation de l'éthique et la mise en oeuvre d'un dispositif de management sur "l'éthique d'entreprise" tendent-ils à renouveler les formes de l'autorité managériale ?
Depuis mon arrivée dans l'équipe FoAP Dijon (2019), j'ai adopté un point de vue en Sciences de l'éducation et de la formation centré sur l'analyse de l'activité de travail. Je mène actuellement un travail de recherche avec Youri Meignan (https://foap-dijon.fr/equipe/youri-meignan/) sur l'activité d'encadrement en analysant les pratiques de délégation de directeurs adjoints d'établissements d'enseignement et de formation professionnelle agricoles (EPLEFPA). Il s'agit de voir comment un changement d'ordre politique autour de "l'accompagnement personnalisé" des élèves conduit les directeurs adjoints à revoir l'organisation du travail avec les équipes pédagogiques. La délégation que ces directeurs adjoints cherchent à mettre en place avec leurs équipes questionne le travail et les frontières de la légitimité de l'encadrant, déplace et redéfinit son espace d'action, en interrogeant les règles et les normes de l'organisation. La mise en oeuvre d'une délégation passe par un processus de transactions et d'interactions complexes entre délégant/délégué. L'enjeu sous-jacent de ce travail est la question du développement du pouvoir d'agir de l'encadrant et son articulation avec le développement du pouvoir d'agir des équipes à travers l'organisation d'un travail collectif. Cette question a donné lieu à un Symposium, organisé par Laurence Durat (http://www.lisec-recherche.eu/membre/durat-laurence), Youri Meignan et moi-même, intitulé : les "Voies du développement professionnel dans le travail d'encadrement" (https://www.conftool.com/rpdp-2022/index.php?page=browseSessions&form_session=30&presentations=hide) dans le cadre du colloque RPDP 2022 de Lausanne (https://www.hetsl.ch/rpdp22).
J'ai obtenu pour 2020-2023 un financement de la Région Bourgogne-Franche-Comté dans le cadre du programme ANER (https://www.bourgognefranchecomte.fr/node/1681) pour un projet de recherche qui consiste, d'un côté, à analyser le travail d'ingénieurs-encadrants dans différentes organisations du secteur de l'agroalimentaire (dirigeants de start-up, managers production, qualité et R&D de PME et de grands groupes). Il s'agit ici de mieux comprendre le travail et les compétences des ingénieurs-encadrants et d'identifier de nouvelles compétences dans un contexte d'évolution des organisations et de nouvelles attentes sociétales, pour réfléchir à la façon d'adapter et d'actualiser la formation au management des ingénieurs à l'Institut Agro. Un second volet consiste à étudier à quelles conditions ces formations pourraient faciliter un "transfert d'apprentissage", notamment au regard de la compétence de gestion de projets.
Je co-conduis, en parallèle, un projet d'ouvrage collectif en Sciences de l'information et de la communication sur les discours des dirigeants et des équipes de direction sur l'éthique. L'ouvrage (à paraître) propose une étude sur l'évolution des discours des associations patronales sur l'éthique d'entreprise et le rôle du dirigeant depuis le début du 20e siècle ; une étude sur l'écart entre l'injonction faite aux managers d'une "éthique relationnelle" dans la mise en place du télétravail et les réalités du terrain ; je réalise, pour ma part, une étude sur les stratégies de communication des start-ups sur "l'éthique d'entreprise" à partir des sites internet de 40 start-ups. Cette étude a donné lieu à un travail intermédiaire et à une intervention au Congrès de la SFSIC 2023. (https://www.sfsic.org/wp-inside/uploads/2023/05/programme-congres-sfsic-16052023-v6.pdf).
Dans le cadre de la formation des enseignants-chercheurs du MAA, des questions d'ordre pédagogique m'ont amené à interroger la transposition didactique de ce qui serait une "posture éthique" au travail. Je continue à rencontrer cette question dans mes enseignements sur l'éthique pour les ingénieurs (formation aux controverses, déontologie de l'ingénieur, etc.) qui pourront donner lieu à des travaux ultérieurs.